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Dépliant d'information pour les jeunes sur les enjeux qui se cachent derrière notre usage des écrans
par l'association Addictions France
Dépliant d'information pour les adultes : https://addictions-france.org/datafolder/uploads/2024/05/Depliant_ECRAN_actifs_BaT.pdf
étude annuelle sur la diffusion des équipements numériques, l’évolution de leurs usages et la perception de leur empreinte environnementale
Pour une utilisation pertinente, raisonnée, intelligente, culturelle et accompagnée des écrans : Laure Deschamps, fondatrice de la Souris Grise, Alice Bernard, fondatrice des Champs numériques, Damien Giard, directeur numérique Bayard Jeunesse, Romain Gallissot, auteur et spécialiste de la création numérique pour la jeunesse, et Christophe Coquis, rédacteur en chef de Geek Junior, ont écrit un texte collectif pour rappeler l’urgence de l’éducation et de l’accompagnement.
Intervenants :
- Axelle Desaint, d'Internet Sans Craintes, https://www.tralalere.com/
- Olivier Gérard, Coordinateur Médias-Usages Numériques à l’Unaf et Responsable du projet PedaGoJeux.fr https://www.pedagojeux.fr/
- Thomas Rohmer, Directeur-fondateur de l'Observatoire de la Parentalité & de l'Éducation Numérique https://www.open-asso.org/
Les experts recommandent de ne pas exposer les enfants de moins de 3 ans, d’attendre 11 ans pour un téléphone portable et 13 ans pour un smartphone avec accès à Internet :
https://www.elysee.fr/admin/upload/default/0001/16/fbec6abe9d9cc1bff3043d87b9f7951e62779b09.pdf
Vital pour la plupart des jeunes, le smartphone est devenu le principal terminal culturel de la nouvelle génération. Pour autant, leurs sorties culturelles ne sont pas en recul et leurs usages numériques viennent nourrir des pratiques à forte valeur collaborative. Désir d’interaction, besoin d’expressivité et aspiration à se lier au monde global font partie des traits distinctifs qualifiant leur rapport à la culture.
Léa Mosesso
Léa Mosesso (diplômée du MSc “Strategy & design for the Anthropocene” de l’école de design Strate) analyse les facteurs qui participent à l’obsolescence et formule des recommandations pour prolonger la durée d’utilisation des terminaux mobiles.
c'est aujourd'hui !
Hunching over a device can mess with your gait, slow you down and poison your mood. And that’s before you trip and fall.
Alors qu’Emmanuel Macron souhaite réguler l’usage des écrans pour les enfants, « Le Monde » a demandé aux adultes leurs stratégies pour maîtriser leur propre consommation. De la simple bonne résolution à l’abandon du smartphone, en passant par certaines applications, les astuces sont variées mais le chemin, semé d’embûches.
C’est le premier jour de congé maternité pour Florence. Fini, les trois cents e-mails quotidiens, fini, la peur de rater une information importante. En attendant son premier enfant, la directrice d’hôpital peut enfin souffler. Elle attrape son téléphone, sélectionne machinalement une icône rose orangée, et commence à faire défiler les posts Instagram. « J’y ai passé cinq heures et demie », se souvient-elle, encore effarée. « Je me suis dit que j’allais devenir débile. » C’était il y a cinq ans. Ce jour-là, cette Parisienne « accro à l’immédiateté » prend une décision : se « rééduquer », afin de limiter son temps d’écran et donner l’exemple à ses futurs enfants.
Comme elle, plus de cent trente personnes ont répondu à un appel à témoignages du Monde, racontant leur lutte personnelle pour modérer leur rapport aux écrans : un combat contre eux-mêmes, avec des réussites, des échecs, des rechutes, et des astuces plus ou moins radicales.
Réseaux sociaux, messageries, divertissement, travail… Les Français passent en moyenne trente-deux heures par semaine devant un écran, selon le dernier baromètre du numérique, enquête menée par le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc), soit près d’un tiers du temps disponible hors sommeil. Un sujet dont s’est saisi l’exécutif, en tout cas pour les enfants : Emmanuel Macron a affiché, le 17 janvier, son intention de réguler leur usage des écrans.
Mais quand Florence, désormais mère de trois enfants, les accompagne jouer au parc, ce sont bien les parents qui ont tous les yeux rivés sur leur téléphone. « On se dit que nos gosses sont accros, mais c’est nous qui leur montrons ça ! » Alors, pour se restreindre, elle accumule les mesures : suppression des notifications, fermeture de ses comptes Instagram, Facebook et X ou encore utilisation du mode « ne pas déranger », qui n’autorise que quelques numéros à sonner.
« Je suis comme Ulysse qui tente de résister au chant des sirènes », sourit celle qui se force aussi à éteindre son téléphone en rentrant le soir, puis à « le ranger dans un sac lui-même rangé dans une pièce ». Et ça marche : « Le téléphone m’intéresse un peu moins. Je relis des livres. Et comme je n’ai plus les réseaux sociaux, je ne perds pas une demi-heure sur l’influenceuse qui me montre sa nouvelle armoire. »
S’éloigner physiquement de son téléphone est une stratégie souvent citée. En particulier dans la chambre à coucher, où certains l’ont banni et remplacé par un bon vieux réveille-matin. Avec des bénéfices sur le temps de sommeil, la lecture, mais aussi « la vie intime », à en croire Benoît, ingénieur dans le bâtiment de 34 ans.
Ce qui frappe toutefois à la lecture des témoignages est que la bonne résolution semble ne pas suffire : il faut contraindre. A des degrés divers, selon les personnalités. Il y a ceux qui s’imposent une limite de temps sur les applications les plus chronophages, comme Valérie, impliquée dans un « régime digital » qui lui a fait perdre « quelques kilo-octets ». La quinquagénaire de Culoz (Ain) a ainsi configuré son téléphone de façon à ne pouvoir accéder qu’une heure par jour à ses applications. Quand un message d’alerte la prévient que le sablier est sur le point de se vider, elle peut tout de même choisir de prolonger. « Mais quand je suis sur Facebook ou Instagram, je coupe tout de suite, parce que ce message me permet de prendre conscience que je suis en train de “zoner”. Sinon, je ne m’en rends pas compte. »
Louis, lui, n’a pas autant d’autodiscipline. Il a bien essayé ce système, et d’autres, sans succès. Mais l’étudiant en cinquième année de médecine à Saint-Etienne a fini par trouver une solution. On l’appelle un après-midi de janvier, il est en pleines révisions. « Ça fait deux heures que j’y suis, j’ai été très efficace. ». Et pour cause : seul notre appel l’a déconcentré. Louis a installé une application payante, Forest, qui bloque l’accès à toutes les autres pendant un temps défini. « C’est radical, mais ça marche bien. Je lui ai dit de tout bloquer pendant deux heures et demie. A la fin, je pourrai faire une petite pause, pour aller voir mes notifications. »
Il partage une autre ruse : passer le téléphone en noir et blanc, ce qui rend TikTok et Instagram « beaucoup moins attrayants ». Parfois, il lui arrive aussi de supprimer Instagram. Malgré cela, « j’ai remarqué qu’au moment où je déverrouillais mon téléphone, mes doigts allaient directement à l’endroit où était l’app[lication] auparavant… C’est un réflexe, c’est impressionnant », dit-il.
Pour casser ce réflexe, Marie, la vingtaine elle aussi, a trouvé une autre application, qui déclenche un compteur de quelques secondes avant de pouvoir accéder à certains services, comme Instagram. « Cela permet de se demander si on a vraiment envie d’y aller », explique-t-elle. « Tout de même, je trouve ça terrible de devoir en arriver là ! »
Si tous ces stratagèmes représentent de bonnes pistes pour maîtriser sa consommation, encore faut-il en avoir envie. Comment faire, quand il s’agit de réduire le temps d’écran d’adolescents récalcitrants ? Céline a tout tenté avec ses filles de 12 ans, 15 ans et 17 ans : leur demander de se limiter elles-mêmes, imposer que le téléphone reste dans le salon le soir, désactiver le Wi-Fi sur certaines plages horaires… Sans succès.
Jusqu’au jour où cette architecte urbaniste parisienne et son mari ont décidé de calculer le temps passé par chacune sur son téléphone, en leur demandant d’installer une application, ActionDash. Elles rechignent, mais s’exécutent. L’expérimentation se fait sur une semaine de vacances. « Ç’a été terrifiant. » La plus grande affiche 48 heures d’utilisation. La cadette, 31 heures. « Là on se rend compte que 48 heures, c’est deux jours complets, jour et nuit. Elles-mêmes étaient choquées et un peu honteuses. » La discussion s’envenime. Les adolescentes retournent le reproche à leurs parents : « Vous pouvez parler, vous aussi vous êtes tout le temps sur votre téléphone ! »
Alors les cinq membres de la famille signent un contrat : chaque semaine, ils peuvent utiliser leur téléphone pendant quatorze heures, soit deux heures par jour. Avec une récompense à la clé, imaginée par la benjamine : « Chacun de nous écrit sur un papier une activité qu’on aurait envie de faire tous les cinq. Si on gagne le défi hebdomadaire, on en pioche une. Si l’un d’entre nous faillit, pas d’activité. » L’aînée trouve ça « gonflant ». Puis finit, comme les autres, par se prêter au jeu. Sur les papiers, des idées de séance à la piscine, d’escapades dans la région, ou une séance de « relooking des parents ». « D’une situation très crispante, on est arrivés à quelque chose d’apaisé », se félicite Céline.
Christophe aussi a gagné en sérénité. Mais avec une tout autre méthode : ce Lyonnais de 38 ans a tout bonnement décidé de se séparer de son smartphone. A la place, il a acquis un Light Phone, un téléphone élémentaire qui reçoit les appels, les textos, et dispose de quelques fonctionnalités de base comme l’alarme, la calculatrice ou la prise de notes.
La transition n’a pas toujours été simple. « Au-delà de certaines fonctionnalités qui manquent (un bon GPS, accéder à sa banque depuis son téléphone, scanner le QR code du menu au restaurant…), il y a surtout le fait que sans smartphone, il y a beaucoup de moments dans la journée où on n’est confrontés à rien. Or tous ces moments où on s’ennuyait avant, on les a remplacés par de la sollicitation, à cause du smartphone. »
Alors, il a fallu réapprendre. « J’ai ressenti une forme d’angoisse, la première fois que je me suis retrouvé sur un quai à attendre un train en retard. “Je vais faire quoi pendant trente minutes ?” Et en fait, tout va bien. On regarde le paysage, les bâtiments, notre esprit vagabonde. On redécouvre ça. Ça m’a permis de réaliser à quel point on ne se sent plus complet sans smartphone, c’est aliénant. Je ne reviendrai pas en arrière. »